Expérimentation en France

Le premier groupe cible est constitué de professionnels travaillant avec les jeunes : enseignants et éducateurs qui travaillent dans des associations, conseils des quartiers, missions locales, Point Information Jeunesse (PIJ). Ils connaissent les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes vivant dans les quartiers sensibles et sont chargés de leur proposer des alternatives. Le but était d'organiser 5 sessions de formation avec ces professionnels (enseignants et éducateurs) rassemblant 15 à 20 professionnels par pays pour tester le tutorat. Le second groupe cible concerne les jeunes de 18 à 30 ans vivant dans des quartiers populaires (au sens de la Politique de la ville). Le but était aussi d'organiser 5 sessions pour tester la formation auprès de groupes de 5 jeunes- soit 20 jeunes au total par pays. Les partenaires devaient appliquer un protocole d'expérimentation cohérent avec leur contexte national et ciblant des organisations en conséquence : en choisissant les participants en fonction des informations obtenues lors de la phase de contact.

En France une série de rencontres ont été organisées sur le terrain depuis avril 2017- d'abord en Ile de France (Essonne, Courcouronnes en juillet 2017, Massy & Palaiseau novembre-décembre 2017 et Viry Châtillon en février  2018) puis dans les Yvelines (Les Mureaux en avril 2018) et en Seine et Marne (Montereau) en mai & juin 2018. Elles se sont terminées par une expérimentation plus intensive à Lourdes (Midi-Pyrénées, juin 2018).

1.   Une première expérimentation s'est déroulée à Paris, à l'iriv, auprès de trois jeunes-  en décembe 2017- volontaires en service civique et stagiaire de l'iriv qui avait été chargée de contacter les acteurs clés en Ile de France

2.    Une deuxième expérimentation a été organisée à la mission locale de Viry-Châtillon avec les deux volontaires en service civique formés auprès d'une 10aine de jeunes appartenant au dispositif "Garantie Jeune" le jeudi 15 février 2018 - http://www.mive91.fr/offre-emploi-insertion-essonne/garantie-jeunes-accompagnement-professionnel/


3-    Une troisième expérimentation a été organisée au sein de l’Association Nationale des Anciens Volontaires de Service Civique dans la ville des Mureaux dans les Yvelines le mercredi 25 avril 2018 en présence de son président Abbdoulaye Bocar Lom et avec 5 jeunes membres de son association habitant dans la ville

4- Une quatrième expérimentation a été organisée à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), à l’École de deuxième Chance (E2C), animée par les deux stagiaires de l'iriv (âgés de moins de 30 ans). Cette rencontre s'est adressée à la fois aux professionnels (directrice du site accompagnée de trois formateurs/référants) et aux jeunes qu'ils sont chargés d'accompagner- https://www.ville-montereau77.fr/vivre-a-montereau/emploi-et-solidarite/les-acteurs-de-lemploi/partenaires-ecole-de-la-2nde-chance-2/


5- une cinquième expérimentation plus extensive a été organisée d18 au 21 juin 2018 au Centre Saint Pierre (Secours Catholique) avec la mission locale de Lourdes (Hautes-Pyrénées)  grâce aux partenariats de la Cité Saint Pierre (Secours catholique, Lourdes) et de la mission locale Hautes Pyrénées



L'expérimentation comportait 3 sessions auprès des professionnels:


   1- session 1-Présentation du projet JuciVol- un projet européen Erasmus +- KA3(Objet & objectifs, Equipe européenne, Différentes étapes et Questions/réponses avec les participants)  puis explication de l’expérimentation réalisée en France et en Europe et attentes de l'expérimentation à Lourdes (autre territoire, autres profils & attentes)


 2- session 2- construire une mission bénévole avec les jeunes en fonction de leur profil et/ou expérience professionnelle (y compris bénévole/volontaire) et de leur projet professionnel

3- session 3- retour d'expériences et évaluation- points forts/points faibles identifiés lors de l'expérimentation au sein de l'équipe salariée de la Cité Saint Pierre et avec les jeunes mobilisés pour le test ; opportunités/menaces pour la durabilité de l'approche JuCiVol en Hautes Pyrénées et/ou dans le réseau du Secours catholique et du réseau des Missions locacles

En parallèle 3 sessions étaient aussi proposées aux jeunes

1- session 1- tour de table pour connaître leurs parcours, expériences professionnelles (y compris bénévolat & volontariat)  et projet professionnel, présentation du projet JuCiVol et de la dimension européenne du projet (principes fondateurs de l'Union européenne- démocratiques, économiques, former & éduquer tout au long de la vie) 

2- session 2- travail avec les professionnels chargés de les interroger et de construire avec eux une mission bénévole qui tienne compte de leurs attentes et d'opportunités d'éducation/formation/emploi

3- session 3- évaluation pour savoir ce qu'ils ont le plus/le moins aimé et les informations qui leur seront utiles pour leur projet professionnel ; nouveau tour de table pour préciser leur projet professionnel après les 3 sessions proposées. 

dessin réalisé par l'une des stagiaires Tawabou ALI lors de l'expérimentation réalisée à Lourdes (18-21 juin 2018)













Annette Makongo (iriv conseil) a assisté à deux conférence proposées par le CRPVE pour documenter la démarche proposée par le JuCiVol

1- Mercredi 29 novembre 2017- Rencontre-débat sur la place de la jeunesse dans l'espace public"Rue aux enfants, rue pour tous", organisé par le Centre de ressources politique de la ville en Essone, Maison départementale de l'habitat (EVRY, Essonne)
Comme l'a souligné Anne Faure, urbaniste, il y a un siècle les enfants étaient omniprésents dans les rues où ils trouvaient facilement leur place. L'apparition des automobiles a réduit fortement leur présence en raison de la dangerosité des routes. Or l'espace public constitue un lieu d'apprentissage et d'expression corporelle pour les enfants qui ont de moins en moins de  lieux pour se dépenser et se défouler. C'est également un lieu d'échanges, d'interactions et de rencontres pour les citoyens. Partant de ce constat, les professionnels de la ville ont décidé de mettre en place des politiques d'urbanisation afin d'ouvrir de nouveau la rue aux enfants.Les acteurs et actrices des quartiers concernés en politique de la Ville se sont réunis afin de répondre à un appel à projet pour un  aménagement de l'espace public dans le but de favoriser le retour  des enfants et des jeunes dans la rue. La "rue aux enfants" permet de fermer provisoirement la circulation motorisée afin de laisser les enfants jouer librement, et de profiter de l'espace public. Des installations de jeux sont installées et des animations sont proposées. Il s'agit pour les enfants et les jeunes de redécouvrir leur ville. Les participants ont pu échanger et débattre avec les intervenants sur les différents moyens et les diverses stratégies qui pourraient être mis en place afin de réaménager la rue et ainsi faciliter son occupation par les enfants et par les habitants souhaitant se réapproprier l'espace public. Car il s'agit aussi pour les habitants de redécouvrir leur ville et de partager des moments de convivialité et de générosité entre les différentes générations. L'importance donnée à la circulation motorisée a favorisé l'exclusion des enfants dans l'espace public. C'est pour cette raison que le collectif "Rue aux enfants , rue pour tous " a lancé un appel à projet fin novembre 2017 en direction de  tous les acteurs de la Ville- les collectifs d'habitants, les conseil de quartiers, les conseils citoyens, les associations de quartier, les cafés des enfants, les  conseils d'enfants et de jeunes, les maisons de quartiers, les centres de loisirs, les centres sociaux-désirant amener leurs habitants à privilégier, faciliter et valoriser la présence des enfants et des jeunes dans l'espace urbain, fournir une méthodologie pour construire une "Rue aux enfants" et apporter des ressources et des outils existants pour mettre en place des "Rues aux enfants".

Liste des intervenants
  • Anne FAURE, urbaniste, présidente de l'association Rue de l'avenir
  • Marianne DUFFET, co-directrice de Vivacités Ile-de-France,  
  • Quentin REVERT, chargé de projet Vivacité Ile-de-France
  • Celine DONNET et Sophie ANLEY, de l'association Pakap
2- Lundi 4 décembre 2017 - Rencontre régionale sur  L'insertion des jeunes dans les quartiers prioritaires en Ile-de-France  organisée par le Centre de Ressources politique de la ville en Essone, (Halle Pajol, Paris )

Cette rencontre a rassemblé des intervenants mais également des professionnels de l'éducation afin de discuter, débattre et échanger sur les  nombreux obstacles rencontrés par les jeunes dans leur insertion professionnelle et en particulier les jeunes issus des quartiers populaires mais également sur les méthodes, les plan d'actions et les stratégies  élaborés dans les différents espaces consacrés aux jeunes pour remédier  aux problèmes d'inactivité professionnelle dans cette catégorie de la population.Sur la base de données statistiques et graphiques, les intervenants ont évoqué les principaux freins à l'intégration professionnelle des jeunes vivant dans les quartiers prioritaires. Les origines sociales, ethniques ainsi que les lieux de résidence peuvent être des obstacles pour certains à une entrée sur le marché de  l'emploi.
Depuis les années 80, les jeunes ont été la catégorie de la population la plus affectée par la précarité et le chômage qui peine à se résorber.  L'accès au logement des jeunes s'ajoute également à ces difficultés en raison de la multiplication des contrats à temps partiel ou en intérim. Les données statistiques fournies par le premier groupe d'intervenants ont montré que les jeunes non-diplômés étaient les plus concernés par le chômage. Preuve que le diplôme reste la principale porte d'entrée à l'emploi. Toutefois de nombreux jeunes ayant réalisé cinq années d'études ou plus ont des difficultés à trouver leur premier emploi néanmoins dans des proportions moindres. Il convient de souligner que certains jeunes diplômés doivent attendre entre 6 mois et 3 ans avant de trouver leur premier emploi. Entre temps, nombreux sont ceux qui enchaînent les petits boulots ou exercent dans des domaines ne correspondant pas à leur niveau d'études ni de qualifications. Le facteur du territoire joue énormément dans l'insertion professionnelle des jeunes. D'après les statistiques données par les intervenants et mêmes des enquêtes réalisées, le taux de chômage touche  de manière significative  les jeunes ayant des origines étrangères.
Toutes ces difficultés à l'accès à l'emploi alimentent une certaine frustration chez les jeunes dans une société ou la réussite scolaire et sociale est valorisée. Ceux ci on l'impression que les promesses d'égalité de la République ne sont pas tenues comme l'a indiqué Nina Schmidt, cheffe de projet à l'Observatoire des inégalités, lors de son intervention. Des tensions apparaissent du fait des désillusions de la jeunesse ( émeutes 2005, loi travail 2016...). Les jeunes adultes résidant dans les quartiers prioritaires ont un sentiment d'exclusion pour l'accès à des emplois qualifiés.  Leur lieu d'habitation constitue pour la majorité d'entre eux un obstacle pour de nombreuses opportunités professionnelles. Les inégalités ainsi que les discriminations dont sont victimes de nombreux jeunes les amènent à construire eux-même des barrières et à se résigner à réaliser certaines formations ou filières qu'ils considèrent comme inaccessibles en raison de leur origine sociale. Le manque d'information concernant certaines filières d"excellence" constitue également une des raisons  principales du nombre peu élevé de jeunes venant des quartiers prioritaires dans ces filières.
Les autres groupes d'intervenants composés principalement de professionnels travaillant sur le terrain auprès des jeunes ont mentionné les différents dispositifs utilisés dans leurs structures afin de favoriser l'insertion sociale et professionnelle des jeunes tels que la "Garantie Jeunes". Malgré les nombreux établissements destinés à aider et à accompagner les jeunes pour favoriser leur intégration sociale et professionnelle, ceux-ci s'y rendent rarement en raison du manque d'aide et de considération de la part de ces établissements. Tel était le constat de certains professionnels. De nombreux jeunes ayant connu des expériences peu satisfaisantes dans des missions locales en font part à des connaissances, ce qui contribuent à la désertion des jeunes dans des espaces censés les orienter dans leurs choix professionnels.Tous les professionnels se sont mis d'accord sur le fait qu'il était fondamental d'accueillir les jeunes adultes  dans un espace de confiance, chaleureux, pour faciliter le contact entre le jeune et le professionnel mais aussi pour favoriser l'accompagnement et l'aide qui leur seront apportés.


Liste des intervenants
  • Nina SCHMIDT, chef de projets , Observatoire des inégalités
  • Chafic HBILA sociologue , chercheur associé au Centre de recherche sur les politiques européennes de l'Université de Rennes 1
  • Thomas COUPPIE, chargé d'études au département entrées et évolutions dans la vie active (Deeva) Cereq
  • Philippe BROUSSE, directeur de la mission locale Nord Essonne pour les dispositifs Garantie jeunes de l'Essonne
  • -Enrique IGLESIAS, chef de service, Vie et Cité, association de prévention spécialisée de Seine-Saint-Denis
  • -Zané LESCINSKA, chef de projet du programme d'investissement d'avenir (Pia) , Paris Terre d'Envol, Pour la démarche globale de l'EPT à travers le PIA jeunesse
  • Rachel TANGUY, cheffe de service , Espace Césame-Espace Dynamique d'Insertion, Val d'Oise 
  • Brigitte RICCI, chargée de mission emploi, développement économique, direction de la démocratie, des citoyens et des territoires, Mairie de Paris
  • Catherine RIOLS , directrice , Club 93
  • Saadia BOUY SAHALI, directrice déléguée, directrice de mission jeunesse à la direction de l'éducation et de la jeunesse , Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
Synthèse faite par Annette-Laure Makongo, Paris, décembre 2017


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